puralpina AG, établie à Frutigen, fabrique depuis 30 ans des pommades et autres cosmétiques, notamment à base de graisse de marmotte. Après des débuts incertains et de premiers essais menés en interne, c’est aujourd’hui une entreprise familiale innovante, dont les produits se vendent dans le monde entier.
«D’habitude, il y a plus de monde», déclare la vendeuse de la boutique puralpina, située sur une grande artère entre Frutigen et Kandersteg. En particulier lors des journées ensoleillées, la région est en effet très prisée des touristes suisses et étrangers, qui viennent skier à Adelboden l’hiver et se rafraîchir dans le lac d’Oeschinen l’été. Ce coin de l’Oberland bernois, berceau de l’entreprise puralpina AG, vit ainsi en grande partie du tourisme.
«Frutigen est moins touristique qu’Adelboden. Ici, beaucoup de gens travaillent dans l’industrie, notamment hydraulique», précise Silvan Schmid. Ce dernier codirige avec son frère Reto l’entreprise puralpina AG, fondée par leur père il y a tout juste trente ans, à l’époque sous un autre nom. Avant de se mettre à son compte, Andreas Schmid, alias «Murmeli» (marmotte), était lui-même salarié dans le secteur hydraulique et dirigeait une équipe de trente personnes. L’origine de son surnom? La graisse de marmotte qu’il utilise, en raison de sa teneur naturelle en cortisone, comme base pour la fabrication de sa pommade aux herbes du même nom. Son idée commerciale lui est venue le jour où il a appris que l’ajout d’herbes médicinales renforçait l’efficacité de la graisse de marmotte. Bien que relativement novice dans le domaine pharmaceutique, il se lança alors, d’abord en tant qu’amateur, dans la conception et la commercialisation de sa pommade. À la fin des années 1990, il décida, courageusement mais pas forcément à la grande joie de son épouse, de quitter son poste de salarié pour se consacrer entièrement à son produit naturel.
Contre toutes les mises en garde, Andreas s’est interdit d’emblée toute utilisation de conservateurs artificiels dans ses produits et a toujours tenu bon. La production s’en serait certes trouvée facilitée, mais ses valeurs, telles que la durabilité et le respect de la nature, lui tenaient plus à cœur. Pour solidifier la graisse de marmotte liquide, il ajouta donc d’autres graisses animales à ses pommades. «Dans son entourage, personne ne croyait vraiment à son projet, car les produits naturels étaient moins populaires à l’époque, et ma mère s’inquiétait pour notre subsistance», se souvient Silvan Schmid. Il était lui-même encore adolescent, et le grand saut de son père n’a guère eu d’impact sur ses préoccupations de l’époque. Il se souvient toutefois que la maison familiale avait été transformée en atelier et en bureau, au détriment croissant des espaces de vie. Mais au tournant du millénaire, un changement de mentalité est apparu au sein de la population: «Tout à coup, les gens se sont intéressés à la Swissness, à la nature et à la durabilité, ce qui a donné un énorme coup de pouce à l’entreprise de mon père.» Difficilement prévisible lors de son lancement, cette hausse soudaine de la demande a été l’aboutissement de la volonté de fer d’Andreas Schmid. «J’ai toujours eu la tête dure», déclare le patron en riant.
Avec l’ouverture du nouveau site principal de puralpina AG en 2016, la famille a réalisé un rêve.
C’est notamment cette indéfectible audace, cette manière de défendre son idée coûte que coûte que Silvan Schmid admire chez son père. Pourtant, lui-même ne se destinait pas forcément à rejoindre l’entreprise: «Mon père n’a jamais attendu de moi-même ou de mes frères que nous reprenions le flambeau.» Les trois frères ont été libres de choisir leur voie. «Nous à reprendre l’entreprise n’aurait certainement pas été une bonne idée», est-il aujourd’hui convaincu. Il s’est décidé plutôt spontanément, à une époque où l’entreprise n’était pas encore aussi bien établie que maintenant, ce qui a toutefois présenté d’autres avantages: «Papa était fou de joie de nous voir rejoindre l’entreprise et s’est donc montré très ouvert quant à l’organisation de notre travail.»
Rétrospectivement, il estime que l’entreprise familiale doit précisément son succès au fait que rien n’était alors acquis. «Je n’avais rien à perdre. En cas d’échec, il m’aurait suffi de chercher un nouvel emploi. Cette absence de stress a été utile pour la collaboration et la consolidation de l’activité.» Au fil des années, le chiffre d’affaires a augmenté en même temps que les responsabilités: l’entreprise emploie aujourd’hui 25 personnes sur trois sites en Suisse, et ses produits sont très demandés. Silvan Schmid ne se repose jamais sur ses lauriers, bien au contraire: «Les tendances futures sont imprévisibles. Nous sommes donc toujours à la recherche de nouvelles idées. Nous essayons de nous diversifier et d’étoffer constamment notre gamme.» Parallèlement à la pommade de marmotte, puralpina propose de nombreux autres produits, y compris végétariens, notamment des cosmétiques naturels pour les mains, les pieds, les lèvres, et depuis peu un déodorant crème.
En dépit de cette volonté d’innover, Silvan Schmid est conscient que le succès de l’entreprise familiale repose en grande partie sur les valeurs chères à son père. Plus que la croissance financière, l’enjeu consiste pour lui davantage à s’établir sur un marché de niche propice au déploiement des libertés acquises et à la préservation de ces valeurs. La chose est plus facile à dire qu’à faire, comme l’a mis en évidence une anecdote peu avant la pandémie de COVID-19: des touristes chinois avaient découvert ses pommades et les avaient achetées par centaines dans les magasins et auprès de distributeurs. Les produits s’écoulaient par ailleurs très rapidement dans les boutiques duty-free des aéroports. Peinant à tenir le rythme de la production, Silvan Schmid avait en partie dû recourir à des matières premières alternatives, jusqu’à l’arrêt brutal de l’afflux des clients au début de la pandémie. Il ne regrette pas ces opportunités de croissance manquées. puralpina a réagi en innovant, en se recentrant sur les valeurs fondamentales de l’entreprise familiale, et en profitant de cette période pour poursuivre son développement. Car sans l’obstination et la modestie que l’on prête volontiers aux habitants de l’Oberland bernois, le chemin parcouru ces trente dernières années aurait été difficilement concevable.
Depuis 1992, l’entreprise puralpina AG fabrique à Frutigen une pommade de marmotte et des cosmétiques naturels. L’entreprise emploie 25 personnes sur trois sites en Suisse et possède par ailleurs une boutique en Allemagne.
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